
815 kilomètres, ou peut-être 817 selon qui tient le compteur : la ViaRhôna cultive l’écart, et cette incertitude n’a rien d’anodin. Sur le terrain, la signalisation ne varie pas, mais le parcours, lui, se faufile, s’ajuste, contourne les contraintes naturelles et humaines. Ici, la véloroute ne s’accroche pas au Rhône comme une ombre fidèle. Elle trace son propre chemin, parfois au plus près du fleuve, parfois en s’en écartant, dictée par les nécessités de l’aménagement ou la volonté de préserver tel espace sensible.
Tout au long de l’itinéraire, les cyclistes retrouvent des portions en voie partagée, qui requièrent une attention soutenue, et d’autres où la voie verte déroule un ruban sécurisé sur plusieurs dizaines de kilomètres. Les hébergements labellisés « Accueil Vélo » ponctuent le trajet, bien que leur présence se fasse parfois plus rare sur certains tronçons, preuve que l’égalité territoriale a ses limites même au pays du vélo.
Plan de l'article
ViaRhôna : un itinéraire unique du Léman à la Méditerranée
Suivre le Rhône à vélo, c’est expérimenter une traversée de la France à nul autre pareil. Du lac Léman aux côtes de la Méditerranée, la ViaRhôna déroule près de 815 kilomètres, reliant Saint-Gingolph, à la frontière suisse, à Port-Saint-Louis-du-Rhône. Cet axe, intégré au réseau EuroVelo, épouse le grand fleuve et fait dialoguer l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Provence-Alpes-Côte d’Azur. Mais le tracé ne se contente pas d’enchaîner les kilomètres ; il traverse des paysages variés, entre montagnes alpines, plaines alluviales et villages vignerons posés sur la carte comme autant d’invitations à la halte.
Sur cette diagonale du nord-est au sud, chaque portion impose son style : l’eau turquoise du lac Léman, la fraîcheur des berges en Rhône-Alpes, puis l’air chargé de lumière et le parfum de la garrigue à mesure qu’on approche de la mer. La ViaRhôna ne se contente pas de relier deux points éloignés. Elle alterne les séquences urbaines, notamment dans la métropole lyonnaise, s’aventure dans les terres sauvages de la Camargue, et joue la carte de la diversité avec ses voies vertes et ses routes partagées. Dans le sillage de l’EuroVelo 17, elle prend une dimension européenne, reliant la source du Rhône dans les Alpes suisses jusqu’à l’embouchure, porte grande ouverte sur la Méditerranée.
Sur la ViaRhôna, ce n’est pas seulement la géographie qui relie les cyclistes. Ce sont les histoires, les rencontres, la sensation d’appartenir, le temps d’une étape ou d’un été, à cette grande famille de voyageurs qui redessine la carte de France à la force des mollets.
Quels sont les points forts et les étapes incontournables du parcours ?
La ViaRhôna s’invente à chaque étape. Dès les abords du lac Léman, impossible d’ignorer la majesté des Alpes qui dominent l’horizon. Rapidement, la route plonge dans la vallée du Rhône : le fleuve imprime son rythme, façonne les paysages, serre les reliefs ou les adoucit. On avance entre douceur et verticalité, entre villages accrochés et panoramas ouverts.
En Auvergne-Rhône-Alpes, la séquence Lyon, Valence, Avignon se distingue par son équilibre rare : patrimoine urbain, nature préservée, art de vivre. À Lyon, la sortie du centre-ville rappelle la vitalité d’une métropole, avant que les berges s’apaisent et accueillent flâneurs et cyclistes. Puis viennent Tournon-sur-Rhône, La Voulte-sur-Rhône : ici, la route frôle les vignes, croise les marchés, laisse deviner l’empreinte gallo-romaine.
Quelques étapes illustrent cette variété :
- Valence : à la croisée des chemins, idéale pour une pause gourmande et un détour par la gastronomie locale.
- Bourg-Saint-Andéol : point de passage où le patrimoine antique s’affiche en pleine lumière.
- Avignon : cité papale, cœur de la Provence, passage obligé avant de filer vers Beaucaire.
Quand s’annonce le sud, la Camargue déploie ses grands espaces. Marais, chevaux blancs, flamants roses, une nature brute, sans filtre, avant que la route ne s’achève à Port-Saint-Louis-du-Rhône dans une vibration de sel et de lumière. Le Rhône, enfin, se jette dans la mer. Le voyage change de saveur, mais la trace reste vive.
Préparer son voyage à vélo : cartes, hébergements et infos pratiques
Avant de partir sur la ViaRhôna, mieux vaut s’équiper des bons outils. Les cartes détaillées s’avèrent précieuses : elles révèlent le tracé, localisent aires de repos, points d’eau, distances entre étapes. Plusieurs éditeurs spécialisés proposent des versions papier, et certains sites internet permettent de télécharger des fonds adaptés au GPS.
Sur place, la signalétique rassure : le logo officiel de la ViaRhôna rythme le parcours, avec un balisage renforcé dans les secteurs fréquentés ou les espaces naturels sensibles. Le long de l’itinéraire, tout est pensé pour ne pas perdre le fil, surtout à l’approche des grandes villes.
Où dormir ? L’offre sur l’itinéraire
Voici un aperçu des solutions d’hébergement que l’on croise en chemin :
- Hébergements labellisés « Accueil Vélo » : ils offrent un accueil spécifique aux cyclistes, avec stationnement sécurisé, kit de réparation et informations pratiques pour l’étape suivante.
- Campings et gîtes ponctuent la véloroute, pour ceux qui cherchent flexibilité ou confort après l’effort.
- Certains hôtels partenaires et chambres d’hôtes se signalent par leur expertise de l’accueil des cyclotouristes.
Pensez à vérifier la disponibilité avant le départ, surtout en été. La région Auvergne-Rhône-Alpes met à disposition des listes d’adresses et de services adaptés : location de vélo, transport de bagages, dépannage express. Pour le retour, les trains TER SNCF acceptent les vélos non démontés sur la plupart des axes, un atout de poids pour ceux qui parcourent la ViaRhôna en plusieurs étapes ou à sens unique.
Familles, sportifs ou aventuriers : des conseils et suggestions pour tous les cyclistes
La ViaRhôna accueille tous les profils. Les familles optent pour les tronçons les plus accessibles, généralement en site propre, pour garantir sécurité et moments partagés. Entre Lyon et Valence, la voie suit les berges du Rhône, alternant larges pistes et passages ombragés. Des aires de jeux et espaces de pause jalonnent le parcours, promesse de pique-niques heureux et de haltes improvisées sous les arbres.
Les cyclotouristes en quête de défi privilégient les segments plus vallonnés. Le relief se corse à l’approche de la vallée du Rhône méridionale ou à l’entrée de la Provence. Passionnés de gravel ou adeptes du bikepacking s’orientent vers les portions les plus sauvages, notamment entre Bourg-Saint-Andéol et Avignon, là où la route s’écarte de la circulation et serpente entre vignes et vergers.
Pour les aventuriers en solo ou les groupes d’amis, la ViaRhôna déroule un terrain de jeu sans cesse renouvelé : villages perchés, vestiges gallo-romains, réserves naturelles, paysages changeants du lac Léman à la Méditerranée. À chaque étape, la découverte de la gastronomie locale s’invite : fromages, vins de la vallée du Rhône, spécialités provençales, douceurs du Val de Saône. Les rencontres, l’accueil dans les hébergements, la richesse du patrimoine composent une expérience qui va bien au-delà du simple itinéraire cyclable.
Au bout du ruban, ce n’est plus seulement la distance parcourue qui compte, mais la somme des souvenirs, des paysages traversés et des envies d’y revenir, encore et encore.































